LA DUCHESSE D’AMALFI

[ Guillaume Séverac-Schmitz / Collectif Eudaimonia ]
création 2019
Date(s) :  du 19 février 2019 au 22 février 2019
Horaire(s) :  20h
Conception et mise en scène : Guillaume Séverac-Schmitz
Nouvelle traduction, adaptation et dramaturgie : Clément Camar-Mercier
Avec : Jean Alibert, François de Brauer, Baptiste Dezerces, Lola Felouzis, Eléonore Joncquez, Thibault Perrenoud, Nicolas Pirson
Durée :  2h15

Après la création de Richard II de Shakespeare, programmé en février 2018 à la MAC, j’avais envie de poursuivre mes recherches et mon apprentissage en travaillant sur une autre pièce majeure du théâtre élisabéthain : La duchesse d’Amalfi de John Webster écrite en 1612. Ce chef d’oeuvre du théâtre baroque m’offre l’occasion de prolonger un geste artistique commencé avec Wajdi Mouawad et Shakespeare où la thématique de la chute était au coeur des récits. Cette pièce, que j’ai découverte lorsque j’étais étudiant au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique de Paris, ne déroge pas à cette règle.

Monter La duchesse d’Amalfi doit participer à la découverte et au partage du théâtre élisabéthain, qui existe bien au-delà de Shakespeare, et pour lequel ma passion ne tarit jamais. C’est un théâtre total, qui se pense et se construit de façon artisanale, où tout est en mouvement, où la langue et les sons y ont leur propre musicalité, où l’émotion des acteurs doit être engagée et où l’imaginaire poétique doit envahir le plateau.
Puisque c’est un théâtre total alors tout est possible, mais si je me suis attaché très vite à cette forme de récits, c’est qu’elle raconte des histoires, des histoire de vies. Ainsi, nous ne sommes pas simplement face à des évènements ou des situations historiques mais face à une intimité réelle avec les personnages dans ce qu’ils peuvent contenir de failles, de sensibilité, de profondeur et d’humanité. Malgré sa grandiloquente apparence, c’est un théâtre d’introspection qui sait rester universel en nous renvoyant toujours à ce que nous sommes.

La duchesse d’Amalfi pousse cette radiographie des âmes à son paroxysme car les enjeux de la pièce sont habités par une verticalité vertigineuse où le spectre de représentation des sentiments y est presque complet. Les contrastes y sont saisissants : entre l’ombre et la lumière, entre l’âme et le corps, entre l’amour et le meurtre, entre la générosité et le machiavélisme.  La pièce offre un terrain d’exploration et d’expression fertile quasiment infini : elle contient des parcours de rôles extraordinaires et une occasion rare de pouvoir proposer aux interprètes une partition aussi riche que passionnante ainsi qu’un équilibre dans la répartition de la distribution.

Enfin, attachant une importance fondamentale à la clarté du récit, à la nécessité de proposer au public d’écouter une histoire, j’ai confié la traduction et l’adaptation de la pièce à Clément Camar-Mercier, avec lequel j’ai déjà collaboré sur Richard II. Son attention et son écoute tant vis-à-vis des textes que des acteurs nous permettra de continuer notre traversée, qu’il défend avec une fidélité exemplaire au niveau de sa forme,  de son contenu, mais surtout, en sachant connecter les époques d’écritures des pièces et celles de leurs créations. Ce dialogue sur quatre cents ans d’Histoire est une donnée capitale car il permet de ne jamais perdre l’essentiel du théâtre : le public. Dans son essence, le théâtre élisabéthain est populaire, grand public, aussi exigeant sur le divertissement que sur la réflexion mais il était aussi à l’écoute de son époque et de ses spectateurs. C’est ce à quoi nous devons toujours aspirer avec le théâtre classique: que le passé traverse le temps pour paraître notre contemporain. Guillaume Séverac-Schmitz

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