HAMLET

[ Thomas Ostermeier ]
Reprise exceptionnelle / Création Festival d'Avignon 2008
Date(s) :  du 19 janvier 2017 au 29 janvier 2017
Horaire(s) :  Jeudi 19, vendredi 20, samedi 21, lundi 23, mardi 24, mercredi 25, vendredi 27 et samedi 28 janvier à 20h45
Dimanche 29 janvier à 17h
Mise en scène : Thomas Ostermeier / Shaubühne am Lehniner Platz, Berlin
Traduction : Marius von Mayenburg
Avec : Robert Beyer, Lars Eidinger, Urs Jucker, Judith Rosmair, Sebastian Schwarz, Stefan Stern

La folie gagne Hamlet. Le roi, son père, est mort subitement d’une maladie étrange et sa mère s’est remariée un mois plus tard avec le frère du défunt. Les nuits d’Hamlet sont peuplées de visions : le roi lui affirme qu’il a été empoisonné par son propre frère et lui intime la vengeance. Afin de camoufler ses plans meurtriers, Hamlet décide de passer pour fou, mais il finira par perdre pied. Le monde devient à ses yeux un marécage putride, le désir et la sexualité des abîmes menaçants et sans fond ; les amis qui l’entourent sont devenus des espions manipulés par son beau-père pour le surveiller, même Ophélie, sa bien-aimée, fait partie du complot. Le vengeur se sent traqué : derrière chaque tenture, derrière chaque rideau se cachent des traîtres.

Shakespeare décrit la cour danoise comme un système politique corrompu, qui deviendra pour Hamlet le labyrinthe de sa paranoïa : meurtres, délations, manipulations et passions dévorantes sont les armes de ce combat pour le pouvoir. Seul être scrupuleux dans un système qui ne l’est pas, Hamlet scellera ainsi son tombeau. Avec ce paradoxe de celui qui doit agir, mais en est incapable, Shakespeare propose une analyse toujours valide du dilemme intellectuel entre la pensée complexe et l’acte politique. Ainsi l’éloignement croissant de la réalité, la manipulation de la vérité et de l’identité, la perte de repères trouvent échos dans une interprétation qui met au premier plan la stratégie de l’esquive et du double-jeu.

Pour recentrer l’oeuvre de Shakespeare autour de son héros interprété par Lars Eidinger, Thomas Ostermeier a choisi une équipe réduite de comédiens ; six acteurs pour jouer une vingtaine de rôles, privilégiant les scènes où Shakespeare dépeint, à travers la cour danoise, un système politique fait de meurtres, de corruption, de passions au service d’une volonté de pouvoir. Impossible, semble dire Shakespeare, de donner place à la complexité de la pensée quand il faut agir, et agir vite, politiquement. C’est ce handicap à choisir dans le champ des possibles qui rend Hamlet inapte au pouvoir et le conduit inexorablement vers sa mort, elle-même annonciatrice de l’effondrement du royaume danois tel qu’il fonctionnait. Sommes-nous alors si loin des questionnements d’aujourd’hui ? se demande, et nous demande, Thomas Ostermeier, qui s’adresse à Shakespeare pour nous donner matière à réflexion dans un ici et maintenant plein de zones d’ombre, d’incertitudes et de manque de repères.