Une auberge perdue dans une région reculée du Japon. Une atmosphère nimbée de mystère. Des désirs enfouis qui se révèlent… Kurô Tanino n’a pas son pareil pour sonder les tréfonds de l’âme humaine. Il rend ici un bel hommage aux ancêtres de son pays, dans un huis clos aux allures de conte moderne.
Dans le bouddhisme, le terme « Avidya » renvoie aux notions d’aveuglement et d’illusion. C’est aussi le nom de l’auberge où se déroule cette pièce, un établissement thermal situé au sommet d’une montage japonaise. Deux marionnettistes débarqués de Tokyo, un jeune homme et son père lilliputien, y ont été conviés pour donner une représentation. Problème, le propriétaire a pris la fuite. Coincés ici pour la nuit, les deux artistes en profitent pour rencontrer les locataires de cet étrange endroit : deux geishas, une vieille dame, un aveugle… Dans ce huis clos embrumé, au milieu des vapeurs d’eau, ils découvrent les rêves et les désirs de chacun. Les corps et les âmes se dévoilent… Un impressionnant plateau rotatif révèle successivement les pièces de l’auberge (la chambre, les bains…) tandis qu’une narratrice, à la voix enveloppante, déroule l’histoire. Très vite, elle nous apprend que ce lieu ancestral et magique va disparaître pour laisser passer une ligne de chemin de fer. Inéluctablement, la tradition s’efface devant ce qui peut apparaître comme un progrès…. Pour sa première venue en France, Kurô Tanino, artiste très remarqué au Japon, nous donne à voir la fin d’un monde et le spectacle bouleversant des êtres qui vivent cette fin, dans le plus grand déni.