studio-théâtre
vitry


« L'eau m'hypnotisait ; tout en elle m'intéressait, inerte
ou mouvant, mort ou vivant ; j'étais tout autant intéressé
par une sorte d'algue connue localement sous le nom
de morve de grenouille ou par une vieille racine de cyprès mort
couverte d'escargots que par les poissons et les écrevisses
et les punaises d'eau et les serpents d'eau. L'eau avait la couleur
du whisky ou du thé – à cause, m'a-t-on toujours dit, de substances
dans les feuilles et les aiguilles de pin qui y pourrissent.
Vous n'étiez pas censés en boire – les gens disaient que vous
pouviez attraper des fièvres et des frissons, ce qui voulait dire
la malaria, en buvant dans le bras d'eau – mais elle avait l'air
suffisamment propre pour le faire. »

~{Dans le bras d'eau, Joseph Mitchell, extrait de Street Life, traduction François Tizon, Éditions Trente-trois Morceaux~}

© François Tizon